Quand consulter un psychologue pour son enfant ? S'il y a une chose à laquelle nous ne sommes pas préparer dans l'éducation de nos enfants, c'est de reconnaitre ce qui est de la normalité et ce qui présage d'une difficulté plus ancrée qui nécessiterait de l'aide. Parce que nous avons oublié les enfants que nous étions et que les enfants d'aujourd'hui ne fonctionnent pas tout à fait comme ceux d'hier, il est difficile d'avoir des repères clairs. Je n'entrerai pas dans la vaste question du normal et du pathologique ici (peut-être y consacrerai-je un post ultérieurement). Pour l'heure, je voudrais être assez pratico-pratique. Alors, quand doit-on aller chez le psy avec son enfant ?
1. Quand on se sent en difficulté dans la durée.
C'est un vécu relatif. Pour certains, se sentir en difficulté une semaine, ce sera déjà trop long. D'autres essaieront tout pendant des années avant de se tourner vers le psychologue. Si on se rallie aux manuels diagnostic de référence, il est souvent considéré qu'une difficulté est durable quand elle est présente plus de 6 mois. Plus intimement, on peut considérer que le parent qui peine à faire face à une difficulté de son enfant quelle qu'elle soit pourra aller consulter. Ce ne sera jamais dans le vide : le psychologue pourra soit rassurer sur la nature normale ou passagère d'une difficulté, tout en entendant la souffrance familiale générée et proposer alors un lieu de soutien et d'écoute face à la crise passagère. Tout comme, il pourra détecter une souffrance plus massive, une difficulté plus tenace et alors proposer une psychothérapie. Dans le doute, mieux vaut demander de l'aide.
2. Quand on nous le conseille.
Souvent la crèche ou l'école vont signifier à la famille qu'il serait bon de se tourner vers une professionnel pour l'enfant. Même si l'erreur est possible, le regard extérieur des professionnels de l'école ou de la petite-enfance est souvent juste. En effet, ils observent l'enfant en groupe, peuvent être interpeler par un comportement différent en comparaison à sa classe d'âge. Cette comparaison leur permet d'avoir un regard différent de celui du parent. De même, certains enfants seront très adaptés à la maison et manifesteront leur mal-être surtout à l'école. Ainsi, quand un professionnel conseille d'aller consulter, il peut être bon d'en questionner les raisons et de suivre le conseil. Le psychologue évaluera la situation et pourra proposer ou pas un espace thérapeutique en fonction de ces observations.
3. Quand l'enfant le demande
Voilà qui est plus rare, surtout chez le jeune enfant. Mais, il arrive parfois que l'enfant demande à voir le psychologue suite à un évènement de vie particulier parce qu'il a connaissance de cette profession. Pour que l'enfant sollicite de rencontrer un psychologue, encore faut-il qu'il sache qu'un tel métier existe. On peut donc initier le mouvement et parler de psy à son enfant lorsque celui-ci exprime un besoin d'être aidé par quelqu'un d'extérieur à la famille ou verbalise ne pas vouloir parler avec ses parents : "tu as dit que tu avais besoin d'aide mais que tu ne souhaitais pas en parler avec moi, alors sache qu'il y a des personnes, les psychologues, dont c'est le métier, tu souhaiterais en rencontrer un ?". Il pourra alors s'en saisir immédiatement ou ultérieurement.
4. Quand l'enfant manifeste un mal-être
Il faudra être réactif face à un enfant qui pleure beaucoup, qui pique des colères récurrentes et de très fortes intensités, qui verbalise vouloir mourir, qui présente des angoisses massives. Souvent, ces derniers éléments font réagir vite les parents. Mais il peut y avoir des formes de mal-être plus insidieuses : un enfant agité, qui ne peut pas être seul dans une pièce, qui sollicite sans cesse l'adulte, qui parle beaucoup, qui se plaint souvent de petits maux ou focalise sur des petites blessures, qui a des tics, qui peine à s'endormir et à s'alimenter ou au contraire qui mange de façon excessive, un enfant trop discret particulièrement inhibé... On sera aussi attentif aux enfants qui peinent à s'intégrer socialement que ce soit par isolement ou par agressivité vis-à-vis de ses pairs.
5. Quand il y a un évènement traumatique
Il n'est pas forcément nécessaire de consulter à la seconde mais cela peut-être bien pour l'enfant d'avoir un lieu neutre pour élaborer un vécu traumatique : vécu de violence, deuil d'un "très proche", accident, maladie d'un proche... Il peut d'ailleurs avoir une ou plusieurs consultations dans les mois qui suivent l'évènement, puis que l'enfant sollicite avoir à nouveau besoin d'un psychologue plusieurs années plus tard.
6. Quand la communication familiale est rompue ou particulièrement difficile
Si vous ne comprenez pas votre enfant, que vous ne parvenez plus à prendre de la distance avec ses comportements, que vous vous sentez particulièrement épuisés ou intolérant face à ses réactions, que vous ne parvenez plus à partager des temps positifs avec lui, que vous ne le supportez plus, alors il est essentiel de consulter un professionnel. Le psychologue pourra vous accompagner dans le lien à votre enfant.
7. Quand vous vous questionnez sur un comportement de votre enfant ou sur les répercussions d'un évènement
Certains comportements peuvent interpeler et il peut alors être bon d'en faire part à un psychologue pour évaluer cela objectivement. Parmi les comportements qui peuvent mener à consulter : l'inhibition ou l'extrême timidité, l'agitation, l'énurésie et l'encoprésie, le mutisme, l'auto- ou l'hétéro-agressivité, les troubles du sommeil, les troubles alimentaires, l'immaturité ou la difficulté face à l'autonomie, l'opposition...
De même, les parents s'inquiètent parfois des répercussions psychologiques d'un évènement : séparation du couple parental, naissance d'un frère ou d'une sœur, recomposition familiale, séparation prolongée d'avec l'un des parents, déménagement,...etc. Les répercussions de ces évènements sont propres à chaque enfant. Pour certains, il y aura une phase de déstabilisation normale le temps de trouver un nouvel équilibre de vie. Pour d'autres, le nouvel équilibre est plus difficile à trouver ou est empêché par différents éléments, il peut alors être nécessaire d'avoir recours à un psychologue.
8. Quand il y a des signes alarmants chez le tout-petit
Avant 2ans, il sera absolument nécessaire de consulter face à un enfant qui ne mange pas, qui présente des troubles du sommeil très important ou qui se retire de la relation. Il pourra être nécessaire de faire d'abord appel au pédiatre qui orientera s'il n'y a pas de cause organique vers un psychologue.
9. Quand il y a des signes alarmants chez les adolescents
Période particulièrement sensible, il faudra consulter face à un adolescent qui se renferme, dont les résultats scolaires chutent particulièrement, qui présente des troubles du sommeil ou de l'alimentation, qui fait part d'idées noires et/ou d'auto-agressivité. Il faudra réagir rapidement quand un adolescent se déscolarise. Tout changement majeur de comportement chez l'adolescent doit alerter. Une tentative de suicide doit mener à une consultation aux urgences.
10. Dans les situations de harcèlement scolaire
Le harcèlement scolaire est une dynamique très particulière entre un enfant harcelé et un ou des enfants harceleurs. Il ne s'agit pas de situations à prendre à la légère et on s'aperçoit qu'un changement d'établissement est rarement efficace. Il faut une prise en charge globale de la problématique du harcèlement : tant par l'établissement scolaire que par la famille. Un psychologue me semble être un recours nécessaire tant auprès du harceleur que du harcelé pour travailler sur la position de chacun et accompagner l'enfant dans sa relation aux autres.